Le jour où je suis morte – EMI

Il y a de ça 3 ans très exactement, j’ai eu un grave accident.
Le pronostic était très négatif. Et pourtant je suis là.

EMI: Expérience de Mort Imminente

Cela s’est passé le 27 février 2018 ; je crois que ni moi ni mon entourage n’oublierons plus jamais cette date.

C’était une journée d’hiver comme les autres.
A 7h ce matin-là, le réveil a sonné. François-Jérôme et moi avons tranquillement émergé du sommeil… Je me suis levée du lit, comme tous les matins. Sauf que cette fois-ci, je n’ai pas regardé où je mettais des pieds : j’ai trébuché, et je suis tombée sur la poutre qui se trouve sur le sol de notre chambre.
Il faut dire que notre chambre se trouve au grenier ; il y a au sol, de chaque côté du lit, deux grosses poutres qu’il faut enjamber. Mais nous avons aménagé dans cette chambre il y a une dizaine d’années, et cela n’a jamais posé le moindre problème.
Sauf ce matin-là : je suis tombée, et je me suis cognée la tête. Rien de bien grave apparemment ! J’ai pesté intérieurement, et continué à rassembler mes vêtements.

Et puis j’ai commencé avoir mal à la tête. Étrangement, je n’avais pas mal derrière le front, comme ça arrive souvent lorsque l’on a pris froid ou que l’on est déshydraté. Non, j’avais mal à l’arrière de la tête. Et au fur à mesure que les minutes passaient, j’avais de plus en plus mal. Je ne suis pas particulièrement délicate, mais je n’ai jamais vraiment eu de migraine, et je trouvais cela difficile à supporter !

J’ai demandé à François-Jérôme : « Peux-tu aller seul à notre rendez-vous professionnel? J’ai besoin de me recoucher. »
Je n’avais qu’une envie : fermer les yeux, et que cela s’arrête.
J’avais tellement mal que je me suis mise à pleurer.

Mon mari s’inquiète alors, et appelle notre médecin de famille. Malheureusement, celui-ci est en congé et ne peut nous recevoir. L’autre médecin, qui travaille dans le même cabinet, ne veut pas s’occuper de moi , car je ne fais pas partie de ses patientes ; elle refuse de se déplacer.

Alors François-Jérôme appelle le SAMU. Il leur explique la situation, et la personne lui répond qu’il envoie immédiatement une ambulance.
Durant le temps de l’appel, je me suis calmée et je me suis assoupie. François-Jérôme est un peu rassuré.

Une amie, Myriam, est arrivée entre-temps. Ensemble, ils décident de descendre dans la cuisine, pour attendre l’ambulance. En effet, de notre chambre, on ne voit ni la route, ni le portail.
Ils se dirigent vers l’escalier et s’apprêtent à descendre quand François -Jérôme a une sorte de pressentiment : il retourne vers moi, qui suis allongée dans le lit. Il déplace les draps qui me cachent à ses yeux : je suis toute bleue et je ne respire plus !
Myriam rappelle immédiatement le SAMU, qui décide d’envoyer les pompiers en toute urgence.

En attendant leur arrivée François Jérôme pratique la respiration artificielle… Heureusement il sait faire tout cela !
Au téléphone le médecin urgentiste donne des consignes à suivre :
– L’allonger sur un sol dur
– Continuer la respiration artificielle
Heureusement mon cœur bat toujours.
François Jérôme s’exécute. Il perd la notion du temps. Par la suite, les pompiers expliqueront que cela a duré 17 minutes.

Avec les pompiers

Une fois sur place, les pompiers prennent le relais. Ils branchent le défibrillateur, qui a indiqué que je n’ai pas besoin d’un choc cardiaque. » pas de choc requis ». Je suis mise sous oxygène.
Le SAMU arrive, et la chambre est envahie par le personnel de santé.
Boostée par l’oxygène, J’ouvre les yeux ! Tout le monde respire… je vais mieux !

Mais le répit est de courte durée : au bout de quelques secondes, je perds conscience à nouveau. C’est très grave : c’est une suspicion de méningite ou un AVC. Tout le monde met les masques.
Il est impératif de me descendre dans l’ambulance, mais pour cela les pompiers attendent le GRIMP, une unité spécialisée dans le déplacement des malades dans des endroits difficiles « intervention en milieux périlleux ». Nous sommes au deuxième étage et l’escalier est étroit.
Sauf que nous sommes sur liste d’attente, et ils ne seront pas là avant 30 minutes. » Tant pis ! On s’y met tous et on y va… on la descend ».
Et c’est ce qu’il font.

Je suis installée dans l’ambulance:
« On l’a mise dans un coma artificiel, et on l’emmène au CHU, pour réaliser scanner et IRM. Inutile de vous dépêcher, cela va prendre du temps. Nous vous appelons pour vous informer, dès que nous aurons des résultats. Vous pourrez prendre la route, mais ne vous dépêchez pas. «

François Jérôme appelle mes parents, et quelques personnes proche. Il annule également notre rendez-vous professionnel.
Puis ils se mettent en route. Myriam l’accompagne. Sur la route, le téléphone sonne : « Voilà, nous avons des résultats c’est gravissime ! »
Sans plus d’explication. Au CHU, je suis dans une chambre, intubée et dans le coma.

Heureusement, c’était les vacances scolaires, et mes enfants étaient absents : mon fils étaient chez mes parents, et, la veille, j’avais conduit ma fille chez sa grande sœur…

Au CHU

François-Jérôme me raconte :

Je pense que c’est très difficile de raconter, de donner un ordre chronologique aux évènements… Je venais te voir tous les jours ; il y avait plein de gens qui venaient avant ou après moi, on s’échangeait des nouvelles… Tous les jours on guettait un signe, on était suspendu aux moniteurs, aux battements de ton cœur, à plein de choses comme celle-là.

Et on s’imaginait, parce que parfois le cœur changeait de rythme, ou que tu réagissais à un quelconque stimulus, que tu nous avais perçu, et en fait c’était tellement faux.
Et puis, au bout d’une semaine, ils ont décidé de te réveiller, d’arrêter les sédatifs et de voir comment tu réagissais.
Et là, tu as commencé à bouger, et moi je trouvais ça génial !
Au bout de quelques heures, les médecins m’ont dit : » Non, c’est beaucoup plus grave. En fait, cela prouve que le cerveau n’est plus relié au corps. Le cerveau et le corps bougent d’une façon tout bonnement illogique. »
En fait, c’était pire, pire que si tu n’avais pas bougé du tout.
Donc, on a attendu que tu te réveilles.

C’était le lundi. Et le mardi matin, j’arrive à l’hôpital, et le médecin me dit : « Est-ce que je peux vous parler du cas de votre épouse? «
« Bien oui, je vous en prie. Dites moi ce qui l’en est. «
Et le médecin répond : « On peut passer dans mon bureau plutôt? »
Et là je pense : « Ouch! Ça pue, ça pue, ça pue… »
Une fois dans le bureau, le médecin m’explique qu’un neurone sans oxygène a 6 minutes de vie, que l’artère a éclaté dans le cervelet qui s’est mis en œdème.
La boite crânienne étant incompressible, le cervelet a poussé le tronc cérébral – qui est minuscule, mais toutes les informations passent par là – et qui lui aussi s’est mis en œdème. Réaction en chaîne, il a poussé le cerveau à son tour qui lui aussi s’est mis en œdème.

« Voilà, ça fait plus d’une semaine qu’il n’y a plus rien qui circule dans le cerveau de votre femme. Nous sommes absolument certains qu’elle ne se réveillera jamais. Et si elle devait même se réveiller, ce qui est absolument sûr, c’est qu’elle aurait de très, très lourdes séquelles. «
On sait ce que cela veut dire.

Retour à la vie

Je suis ressorti de là complètement bouleversé, et j’ai appelé Myriam qui était chez Loïc. Il fallait qu’elle lui demande de venir.
Loïc est kinésiologue, et il suit toute la famille depuis de nombreuses années. Il fait un travail absolument fantastique….

Loïc a annulé tous ses rendez-vous et est arrivé le mardi après midi.
J’avais aussi demandé de l’aide à Marc, un ami magnétiseur, et Sandie, une amie qui est également reiki, magnétiseuse et réflexologue. Ils sont tous arrivés à l’hôpital et on a commencé à travailler sur TOI.

Le personnel du CHU, les médecins, les internes infirmières, les aides-soignantes… ont été extraordinaires : ils ont dit « On ne va pas vous déranger. Si vous voulez, vous fermez la porte, et on ne viendra pas faire du ménage, ni des soins, rien… On vous laisse tranquille, on vous demande juste de ne pas toucher aux instruments. »

On a envoyé de l’énergie. Je n’avais jamais ressenti ça auparavant. Même ceux qui étaient présents m’ont dit « On n’a jamais ressenti ça ».
Il y avait un tel niveau d’énergie, c’était palpable. Les mains nous brûlaient, mais nous brûlait littéralement. Si bien que moi, bien que je sache que ce soit absolument nécessaire, j’avais du mal à le supporter, tellement c’était intense. Au bout d’un moment, l’un après l’autre, avons tous arrêté.
Mais Loïc a continué son travail jusqu’au soir.
« Elle est très, très loin, très loin. Je ne sais pas encore ce que je peux faire, mais je reviens demain. Je continue. »

Le lendemain, Loïc est resté toute la journée.
« J’ai pu entrer en contact avec elle. Elle voit tout ce que les gens font pour elle. Je la sens hésitante. Je reviens demain. »
Autant en Afrique qu’ailleurs, chacun a prié pour toi. Dans les paroisses protestantes, dans l’Est et chez nous, en Afrique où nous avons une entreprise et des amis, tous nos amis, partout en France…. Plein de gens se sont mobilisés, et des chaines se sont faites. C’était assez impressionnant ! Même des gens qui étaient dans des ashrams en Inde, ont prié pour toi.

Le jeudi soir, après avoir passé la journée à son chevet, Loïc me dit : « Bon voilà, j’ai fini mon travail. Je ne reviens pas demain, j’ai fait tout ce je devais faire . »
Et alors ?
Alors il m’a dit avec un petit sourire « Je suis confiant ».
C’était vers les 17-18 heures. Et j’ai su, plus tard, que deux heures après, tu as ouvert les yeux. Les médecins n’en ont pas tenu compte, car ils pensaient que c’était un acte réflexe. Et puis, dans la nuit de jeudi à vendredi, une infirmière est entrée, et tu avais les yeux ouverts.
« Mme Hautin, si vous m’entendez, clignez des yeux ». Ce que tu as fait.

Le lendemain matin, j’envoie un texto à une amie pour lui dire que je n’ai aucune nouvelle. Et le texto suivant, c’est l’hôpital qui me l’envoie : tu présentes des signes cohérents de réveil.
Je me précipite à l’hôpital.
Quand j’arrive, la chambre est pleine de monde : deux médecins, deux infirmières, plus un jeune étudiant… Je ne sais plus exactement.

Les médecins n’ en croit pas leurs yeux : « Ce n’est pas possible. Elle s’est réveillée. »
Puis lentement, au fur et à mesure des jours, tu te réveillais davantage. Tu bougeais un bras, puis un autre… Quelques jours plus tard, j’arrive un matin à l’hôpital, mais la chambre est vide!
Une infirmière me dit: « Elle a été transférée. Ses jours ne sont plus en danger. Elle est dans un service de soin, à présent. »

La rééducation

J’ai passé deux mois et demi à l’hôpital, et encore autant de temps dans un centre de rééducation. Puis encore l’hôpital de jour et la rééducation, 3 fois par semaine pendant 1 an.
Je n’avais quasiment aucune souffrance physique, la souffrance était surtout morale. C’était terriblement frustrant de se sentir diminuée, limitée, non seulement physiquement, mais intellectuellement également.

Avec le recul, aujourd’hui, je me rends compte que c’était très bien, que je ne sois pas totalement en pleine possession de mes facultés mentales, que mon cerveau soit comme « endormi ». Cela m’a permit de supporter tout cela : rapprendre à marcher, à parler, à manger… c’est tellement long et humiliant.

 

Ma fierté en a pris un grand coup ! Peut-être est-ce que je devais apprendre : avoir besoin des autres.

Heureusement, j’ai été extrêmement bien entourée.
Au centre de rééducation, j’ai vu des gens autour de moi déchirés, abandonnés par leurs proches, incapables de recréer des liens avec leur entourage, incapables de reprendre une vie normale, autant d’un point de vue physique que d’un point de vue émotionnel.

François-Jérôme a fait un travail absolument extraordinaire, il a tout tenu à bout de bras : moi bien sûr, nos enfants, notre entourage, les liens avec nos amis, ma famille….
Il a tout géré d’une façon extraordinaire, sans jamais craquer, avec toujours l’espoir, le sourire, la bonne humeur. Il m’a remonté le moral un nombre incalculable de fois, il a donné de l’énergie à tous les gens autour de nous, pour qu’ils puissent affronter cela avec lui.

Cela m’a encore pris une année de plus, pour réintégrer une vie à peu près normale : reconstruire les liens qui s’étaient distendus avec mes enfants, ne plus passer à mes journées à dormir, ré-apprendre à être autonome…

Et aujourd’hui ?

La vraie question c’est : ok, et je fais quoi maintenant ?
J’ai beaucoup appris sur moi-même, sur mon entourage. Et ce triste événement a marqué beaucoup de monde.
Il a permis à beaucoup d’entre nous de réfléchir sur le sens de la vie, sur la fragilité de notre existence, et sur l’importance des valeurs qu’on veut lui donner.
J’espère aussi qu’il a permit à quelques-uns de voir que la vie est un peu plus riche que le simple monde matériel que nous connaissons.

J’ai appris que la mort n’est pas quelque chose de difficile. Cela arrive, c’est tout. Et si je n’en avais déjà pas peur auparavant, je m’en suis complètement affranchie aujourd’hui.

Et je suis revenue : j’ai fait ce choix, même si je n’en ai aucun souvenir de cette EMI. J’ai décidé de revenir, car j’ai encore des choses à accomplir ici-bas. Quoi ? Cela reste à déterminer ; mais je me laisse guider et porter par la Vie. On verra bien où cela va me mener.

Au final, tout a tellement été extra-ordinaire, tout s’est tellement joué à la minute près, que je ne peux qu’être persuadée que tout était décidé d’avance…
Cela ne fait que me conforter dans mes croyances et dans ma foi.

Aujourd’hui commence la nouvelle partie de ma vie.
Je suis prête !

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